Quelle est la différence entre Gendermore, Genderless et Unisexe ?

Aujourd’hui, dans la mode, comme dans beaucoup d’autres rayons de la culture populaire, nous avons affaire à des labels liés au genre. A croire que c’est absolument essentiel de rentrer dans une case.

Gendermore = plus de genre ?

Genderless = moins de genre ?

Unisexe = universel ?

Beaucoup de labels de prêt-à-porter plus ou moins récents décident de se lancer dans une mode unisexe, genderless, gender-neutral, mais qu’est ce que désignent réellement ces termes ?

Pour répondre à cette question, est-ce qu’on ne devrait pas se pencher sur l’aspect sémantique et terminologique de chacun de ces mots, et des éléments les composant ?

Qu'est ce que l'Unisexe ?

« Uni », cela suggère réellement une volonté de répondre à une demande universelle, convenir à tout le monde.

La démarche est louable, mais qu’en est-il réellement du résultat ?

Dans les années 2000 et 2010, l’habitude était de voir l’unisexe comme l’inclusif même, le pas en avant, mais finalement très rapidement, on réalise que l’unisexe dans le prêt-à-porter correspond réellement à du prêt-à-porter masculin porté/portable par des personnes s’identifiant comme avec un corps féminin. Ce fut notamment la grande observation faite en 2017 lorsque H&M a sorti sa toute première collection unisexe, dépeinte comme une collection menswear pour femme.

L’unisexe ne dispose pas réellement de richesse de coupes qui répond à la demande des différentes morphologies

Donc bien que louable sémantiquement parlant, ce n’est pas génial…

Comment s'inscrit le Genderless et le Genderneutral ?

Une autre mode observée, le Genderless / Gender-neutral.

Ces termes, que nous pouvons regrouper ensemble, pour faciliter leur explication, désigne le mouvement de dégenrisation de la mode. L'idée derrière ce mouvement est de supprimer toutes les notions genrées préconçues autour des vêtements.

Le concept, dans sa signification, est beaucoup plus engagé socialement que l’unisexe, mais finalement, le résultat devient assez similaire à ce que nous venons de décrire, car souvent associé à la disparition des coupes féminines et masculines. Bien évidemment, cela n’est pas le cas pour toutes les marques se définissant comme telles, ici nous étudions juste le ressenti global, les exceptions existent donc, comme One DNA, Charles Jeffrey Loverboy, Daniel W Fletcher, et bien d’autres.

En termes de ressenti (car c’est ça qui compte le plus), le genderless / gender-neutral inspire le lisse, le doux, la non-prise de position. Sur des vêtements, cela se manifeste donc très souvent comme de l’unisexe plus travaillé, plus fancy, et aussi plus cher. Car oui, certaines marques vont baser leurs arguments de vente sur cette volonté de transformer le vêtement comme véhicule pour tous les corps, mais la marge de profit va très souvent suivre, pour justifier cet aspect plus premium et plus travaillé, lorsque souvent la pièce n’est rien d’autre que de l’unisexe plus socialement engagé.

Très rapidement, et on l’observe de plus en plus, la manière dont la mode genderless est abordée par certaines marques est dépeinte comme de :

l’opportunisme commerciale, une manière de capitaliser sur les mouvances sociales et sauter sur le train en marche du progressisme.

Et cela transforme ce terme juste en un label de plus.

La mode Gendermore, pourquoi ?

Nous ne sommes pas (encore) un média, mais bien une marque de prêt-à-porter, qui pourrait totalement capitaliser sur les mouvances sociales et les évolutions des mentalités, et peut être certains qui liront ces quelques lignes se diront exactement ça.

Mais The More Project, comme suggéré dans le nom, souhaite proposer plus.

Ainsi, ce n’est pas du genderLESS que nous faisons, mais du genderMORE.

D’un point de vue terminologique, le gendermore suggèrerait plus de genres, que ce soit dans le prêt-à-porter ou ailleurs. Pourquoi tout faire disparaître, comme le genderless ou l’unisexe le laissent penser, lorsque l’on peut célébrer l’existence et la coexistence de tout ? C’est une manière de penser qui suggère une liberté d’expression. Dans la mode, cela s’illustre par une alliance de tous les genres dans une seule pièce qui va réellement à toutes.s.

Surchemise-overshirt-artiste-capsule-gendermore-sophie-schultz

“Au-delà du genre”, il y a une volonté aussi d’aller à toutes les morphologies. Car le combat de l’inclusivité des genres est une première bataille à gagner, mais il ne faut surtout pas oublier de ne pas délaisser l’inclusivité des corps.

Cela passe par une étude minutieuse des vêtements que l’on veut travailler, et The More Project met un poing d’honneur sur la sélection des pièces à proposer – cela n’aurait pas de sens de proposer n’importe quel type de vêtement de manière gendermore. On ne veut pas d’un t-shirt ample avec un simple imprimé « funky » et mettre le label gendermore dessus que l’on ferait porter à des hommes et des femmes. Il est important d’être sélectif, de manière à proposer une garde-robe réellement pensée, dans laquelle les vêtements sont étudiés dans les moindres détails pour sélectionner les codes des différentes garde-robes à mixer, combiner, et à allier.

Surchemise-overshirt-artiste-capsule-gendermore-sophie-schultz

Que ce soit une question d’ouverture d’esprit ou de morphologie, les hommes ont toujours eu plus de mal à passer le cap de s’habiller avec des coupes féminines, lorsque les femmes le font depuis des décennies.

C’est pourquoi la première pièce, qui est une surchemise, est un habit si important pour nous. Elle se porte comme une chemise, comme une veste, et elle a été portée par les femmes et les hommes depuis des générations de mille et une manières, et le défi lancé est de remettre certains de ces codes historiques au goût du jour, et surtout de démystifier les coupes féminines pour les hommes.

Nous n’allons pas dès aujourd’hui proposer des jupes car c’est un travail de longue haleine (mais soyez sûrs.es que les jupes gendermore vont sortir un jour), et il s’agit de prendre les bénéficiaires de ces vêtements par la main, et de montrer à un homme qu’il peut conserver la masculinité à laquelle il peut être attaché, tout en assumant une certaine féminité – c’est en cela que cet humain sera plus complet.

Le but du label The More Project est de, pas à pas, sensibiliser les gens sur ce laisser aller, cette fluidité dans le prêt-à-porter et ailleurs.

Si ces quelques lignes vont ont donné une idée plus claire sur la définition des mots « unisexe », « gender-neutral », « genderless », et surtout « gendermore », nous vous invitons bien évidemment à vous renseigner sur les surchemises qui sont une parfaite illustration de ce que nous cherchons à offrir au monde du prêt-à-porter de demain.

De nouveaux articles sur les manières de porter la surchemise, ainsi que nos grandes inspirations du moment sont à venir, keep your eyes peeled.